En mai 1979, une poignée de jeunes taekwondoïstes enthousiastes se réunissait à Laeken pour fonder une association avec pour objet « l’ensemble des tâches matérielles et intellectuelles permettant de promouvoir, développer, organiser, et favoriser l’étude de la pratique du Taekwondo en Belgique ».
En 2019, l’Association Belge Francophone de Taekwondo est devenue l’institution de référence pour l’organisation et la promotion du Taekwondo en Belgique francophone. Elle est reconnue par le Ministère des sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Adeps) et le Comité Olympique et Interfédéral Belge (COIB). Elle participe au rayonnement de la Belgique sur la scène sportive internationale grâce à ses clubs, ses cadres et aux nombreuses médailles remportées par ses athlètes.
Dans le même temps, le Taekwondo est devenu l’art martial le plus populaire au monde.
La discipline est pratiquée dans plus de 200 pays et figure au programme des Jeux Olympiques depuis l’année 2000.
Pour retracer l’histoire de l’ABFT, il est nécessaire de se pencher sur la genèse du Taekwondo en tant qu’art martial mais aussi en tant qu’outil d’émancipation politique.
Bien que les avis des experts et historiens divergent sur le sujet, on peut affirmer que le Taekwondo moderne trouve ses origines dans les différentes formes d’arts martiaux coréens traditionnels et les arts martiaux japonais importés durant l’occupation japonaise en Corée (1905-1945).
Durant la première moitié du 20ème siècle, le Japon occupe l’ensemble de la péninsule coréenne. Ce conflit aura de nombreuses conséquences, dont l’interdiction de pratiques culturelles comme les arts martiaux hérités de l’époques des Trois Royaumes de Corée. Cette période, s’étendant du 1er siècle avant notre ère jusqu’au 7ème siècle de notre ère, a vu s’affronter trois royaumes distincts sur le territoire de la péninsule coréenne et de l’actuelle Mandchourie : les royaumes de Goguryeo, Baekje et Silla. Au sein de ces trois Royaumes se développèrent différentes formes de combat, dans lesquelles le Taekwondo moderne ira puiser certaines de ses caractéristiques : Soo Bakh Doo, Tang Sooh Dooh, Taekkyon, Hwarangdo, etc.
La fin de la Seconde Guerre Mondiale et la capitulation du Japon marquent le début de la Guerre froide et la partition de la Corée. Jusqu’alors unifiée, la péninsule coréenne est scindée en deux. La partie sud du pays deviendra la République de Corée le 15 août 1948.
Cette période correspond au renouveau des arts martiaux traditionnels coréens, symptôme du patriotisme renaissant qui accompagne la libération. Pratiqués dans la clandestinité depuis des décennies, les arts martiaux coréens sont progressivement fédérés sous l’impulsion du gouvernement, qui souhaite réaffirmer l’identité nationale et se distancier, entre autres, du karaté japonais.
Cet effort d’unification des différentes disciplines sera encadré par le Général Choi Hong Hi. Après de nombreuses réunions entre les représentants des différentes écoles d’arts martiaux traditionnels, une discipline unifiée et codifiée émerge : le Taekwondo, tel qu’on le connait aujourd’hui, était né.
En 1959 est créée la Korea Taekwondo Association (KTA), la fédération nationale coréenne de Taekwondo. Malgré divers rebondissement politiques, le Taekwondo va continuer de se développer en tant que discipline à part entière pour devenir « l’art martial national » de Corée du Sud en 1971. Très vite, en 1972, le centre mondial du Taekwondo, le Kukkiwon, voit le jour. Dès 1973 nait la World Taekwondo Federation. Un événement qui marque l’entrée du Taekwondo dans l’arène du sport international. La WTF obtient la reconnaissance du Comité International Olympique en 1980. Pour de nombreux experts, l’unification rapide et la montée en puissance du Taekwondo à l’échelle mondiale est le résultat d’une volonté politique forte des dirigeants coréens de l’époque, désireux de replacer leur pays sur la carte du monde et d’affirmer l’émancipation du peuple coréen.
En parallèle du développement de la discipline sur le plan institutionnel, des démonstrations de Taekwondo ont lieu en dehors de la Corée dès les années 50. L’Asie et l’Amérique sont les premiers à découvrir avec enthousiasme cette discipline spectaculaire. Le Taekwondo est même enseigné aux soldats des forces spéciales vietnamiennes et américaines engagés dans la guerre du Vietnam. Ensuite, c’est au tour de l’Europe et de l’Afrique. Progressivement, le monde entier découvre le Taekwondo.
Au total, plus de deux mille Maîtres de Taekwondo auraient été missionnés à travers plus de 100 pays pour enseigner cet art martial. Cette transmission massive de savoir remplira un double objectif : faire découvrir la culture coréenne aux étrangers et ouvrir la voie à de nouvelles coopérations économiques.
Certains de ces ambassadeurs du Taekwondo rejoindront l’Europe : Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, etc. Parmi eux, quelques noms marqueront l’histoire du Taekwondo belge : Lee Kwan Young, Seo Myung Soo, Beom Jhoo Lee, Ly Tanh Son et Kim Yong Ho.
En quelques années, ces pionniers du Taekwondo installés en Belgique ou dans les pays limitrophes vont réussir à transmettre leur passion à de jeunes pratiquants d’arts martiaux belges. Les mêmes pratiquants qui se réuniront à Laeken, en mai 1979.
À suivre.