Depuis sa création officielle et la fondation de la Korean Taekwondo Association en 1959, le Taekwondo ne cesse de gagner en popularité et connait un essor international.

Ly Tanh Son effectue une démonstration de casse (1974)

Les démonstrations aux quatre coins du monde se multiplient et des centaines de Maîtres coréens parcourent la planète pour enseigner cette nouvelle discipline.

La Belgique et ses pays voisins ne font pas exception. Progressivement, tous les pays européens vont se doter de leur propre fédération. En 1975, l’Angleterre, l’Autriche, les Pays-Bas, la République fédérale d’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la France comptent déjà un ou plusieurs directeurs techniques, chargés de superviser le développement de la discipline dans leur région.

Aux Pays-Bas, Seo Myung Soo occupe le poste de Directeur technique. Au cours des années 1970, il contribue à l’établissement des premiers clubs belges en Flandre.

Du côté francophone, l’arrivée du taekwondo va se faire de manière progressive, tant sur le plan chronologique que géographique.

En 1973, le premier club de taekwondo ouvre ses portes à Liège, sous la houlette de Ly Tanh Son. Ce Vietnamien ayant appris le taekwondo auprès des forces spéciales coréennes durant la guerre du Vietnam pose ses valises au RCAE pour y ouvrir une section de taekwondo. Les termes de Tai-kwondo, Tae-kwon-do voire de « Karaté volant » sont alors utilisés de manière interchangeable. Et pour cause, ce sont principalement des pratiquants de Karaté qui vont être d’abord attirés par cette nouvelle discipline. Si les techniques de poing du taekwondo sont similaires à celles du karaté traditionnel, ses techniques de coups de pied s’en distinguent par leur caractère spectaculaire et aérien.

Ly Tanh Son entouré de ses élèves du RCAE, dont Luc Sougné.

La section taekwondo de Ly Tanh Son connait un franc succès et attire de nombreux karatékas de la région de Liège. En 1974, le club est rejoint par une future figure emblématique du taekwondo francophone : Luc Sougné.

À Bruxelles et dans le Brabant, une autre académie se développe : celle du Maître Lee Bheom Jhoo qui, quelques années plus tard, deviendra la Fédération Belge Francophone de Taekwondo, aujourd’hui partenaire de l’ABFT.

Le Maître Lee Bheom Joo (1975).

À la même époque, Lee Kwan Young, alors 6ème Dan, enseigne déjà le taekwondo en France où il occupe également le poste de Directeur technique. Au début des années 1970, il est invité par la fédération francophone de karaté à effectuer une démonstration de taekwondo dans le Hainaut.

Ce stage d’initiation fera naître les premières vocations à l’Ouest du pays, notamment chez Georges Wattier et Georges Leblanc, qui deviendront tous deux des figures importantes du taekwondo hennuyer.

Au cours de cette période de gestation où le taekwondo, ou « karaté volant », s’enracine progressivement sur le territoire belge, on assiste à la tenue de compétitions hybrides, comme les Championnats internationaux d’Europe de taekwon-Do, kung fu et karaté, organisés à Forest national en 1975.

Le programme des Championnats Internationaux d’arts martiaux organisés à Forest National en 1975.

Au fil des années 1970, le taekwondo va donc asseoir sa popularité dans les différentes régions du pays.
La Vlaamse Taekwondo Bond (VTB – aujourd’hui Taekwondo Vlaanderen – TKDV) verra le jour en 1977 en Flandre. Au sud du pays, les différents adeptes, opérant jusque là de manière autonome, vont créer des liens et unir leurs forces. Après des discussions entamées en 1978, l’Association Belge Francophone de Taekwondo voit officiellement le jour en mai 1979. Le tout premier Conseil d’Administration de la fédération était alors composé comme suit : Gabriel Moonen, Georges Wattier, Ly Tanh Son, Hubert Dombret, François Jamar, Rolande Trancour, Luc Sougné. C’est Gabriel Moonen qui deviendra le premier Président de l’ABFT. La même année est créée l’Union Nationale Belge de Taekwondo, qui unit l’ABFT et la VTB sous la coupole nationale. L’UNBTU, d’abord appelée ANBTA, obtient la reconnaissance immédiate de la WTF en 1979.

Les statuts de l’ABFT au Moniteur belge.

Cet événement historique sera très rapidement suivi des premiers succès, mais aussi des premières désillusions pour l’ABFT.
En 1979, la fédération fraîchement fondée envoie une délégation aux Championnats du Monde de Stuttgart, en Allemagne. Arrivés sur place, les compétiteurs et le staff se voient refuser la participation à ce premier rendez-vous majeur en raison de la présence d’une autre délégation belge sur place : l’académie du Maître Lee Boom Jhoo. En conséquence, aucune des deux délégations ne sera autorisée à participer à la compétition. Partie remise pour l’ABFT.

Malgré ce revers, les premiers dirigeants de la fédération ont à cœur d’en poursuivre le développement. En 1980, les premières commissions sont instituées, tout comme les premiers comités provinciaux. Le Maître Kim Yong Ho, jusqu’alors installé à Paris, est désigné Directeur technique de l’ABFT et organise les premiers passages de grades Dan en 1980.

Au niveau sportif, l’ABFT peut enfin participer à ses premiers tournois majeurs :  les Championnats d’Europe Junior et Senior de 1980, au Danemark. Ce premier déplacement marquera l’histoire de l’ABFT d’une pierre blanche.

En effet, le taekwondo francophone reviendra du Danemark avec ses deux premières médailles.
Joel Polet remportera la médaille de bronze chez les juniors masculins, dans la catégorie des -52 kg. Chez les seniors, Christian Aubert, aujourd’hui Président du Tollyo Academy Charleroi, monte sur la troisième marche du podium chez les seniors -56 kg. Tous deux deviennent les premiers médaillés de la fédération sur un tournoi majeur.

L’équipe nationale belge aux Championnats d’Europe 1980, à Rome.

Des résultats sportifs qui récompensent l’immense travail du Conseil d’Administration de l’époque composé, comme aujourd’hui, uniquement de bénévoles. Ce travail ne passera pas inaperçu auprès de l’Adeps, l’administration générale des sports en Communauté française de Belgique (aujourd’hui devenue la Fédération Wallonie-Bruxelles), qui reconnait l’Association Belge Francophone de Taekwondo en 1981. Une reconnaissance synonyme de prestige mais aussi d’aides financières qui vont permettre à l’ABFT de poursuivre son développement.

Le fanion des Championnats du Monde de 1982 à Guayaquil, en Équateur.

En 1982, l’ABFT participe à ses premiers Championnats du Monde, en Équateur. Suite au revers essuyé deux ans auparavant en Allemagne, la Belgique enverra une délégation composée de compétiteurs issus de l’ABFT et de l’académie de Maître Lee Boom Jhoo. Cette première expérience mondiale se solde sans médaille mais indique aux dirigeants de l’époque la voie à suivre pour se rapprocher des sommets du sport international.

 

La délégation belge aux Championnats du Monde de Guayaquil, en Équateur (1982).

Le taekwondo belge est encouragé dans cette voie par le Comité Olympique et Interfédéral Belge (COIB), qui octroie sa reconnaissance à l’UNBTU en 1983.

En 1984, l’ABFT propose les premières formations estampillées Adeps. Cette volonté de proposer des formations officiellement reconnues et de qualité perdure jusqu’à aujourd’hui.

En 1985, un nouveau Conseil d’Administration est désigné. Luc Sougné devient Président de l’ABFT. Un poste qu’il occupera pendant plus de 25 ans. En 1986, André Hérin, autre figure emblématique de la fédération, prendra les commandes de la trésorerie de la fédération.

Dans les années 80, les participations de l’ABFT aux tournois internationaux et majeurs se multiplient. La pratique sportive de haut niveau se développe avec, entre autres, des compétiteurs tels que Marc Pisane ou Edgar Hansen.

Article de presse avant les Championnats du Monde universitaires (1986).

Article de presse consacré aux Championnats du Monde universitaires de Berkley, aux États-Unis (1986).

Les années qui suivent seront marquées par le prestige croissant de l’Open de Belgique, organisé pour la première fois sur deux journées à Liège en 1987. Cet événement place la Belgique sur la carte du taekwondo mondial, avec la venue de grandes nations de la discipline telles que Taiwan, la Turquie, l’Égypte, ou encore la Jordanie.

Article de presse consacré à l’Open de Belgique (1987).

Article de presse consacré aux Championnats du Monde de Barcelone (1987).

Au-delà de nos frontières, le taekwondo acquiert ses lettres de noblesse et se fait une place dans l’arène des disciplines globales avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques de Seoul en 1988. Près de 30 ans après la création de la discipline, la Corée du sud entend bien utiliser le plus grand événement sportif au monde comme vitrine pour « son » sport : le taekwondo devient sport de démonstration aux Jeux Olympiques. Une nouvelle étape qui va, pour les trois décennies à venir, contribuer à transformer le sport et à faire entrer le taekwondo dans une nouvelle dimension.

L’affiche des Jeux Olympiques de Séoul 1988.

À SUIVRE.

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